Une balade française
ou une illustration littéraire et pittoresque de la vie de la communauté française et francophone à Varsovie.


Un  peu d'introduction...

Selon les données du Bureau de l'immigration le nombre de citoyens français habitant à Varsovie s'élève à plus de 5 000 personnes. Ce chiffre ne décrit pas l’influence de la culture francophone en Pologne.  De la cuisine à la musique en passant par le cinéma, il est difficile de nommer tous les champs sur lesquels la culture française a de l'influence

La culture française est ouverte à tous ceux qui veulent en apprendre davantage sur le pays et la langue de Molière. Tous les francophones, francophiles et simples curieux qui veulent conjuguer à tous les  temps les verbes « partager » ou « échanger » sont les bienvenus. A Varsovie, il n'y a pas un quartier français mais il y a quelques points « français » sur la carte de cette ville. Et la meilleure façon pour faire connaissance avec cette culture française varsovienne est une balade rapide dans la ville.

 

Les informations pratiques:

Plusieurs institutions existent, que tu sois francophile et à la recherche d'un moyen de rencontrer des francophones et d'améliorer tes connaissances linguistique ou un(e) expatrié(e) à Varsovie. La première d'entre elles est l’Ambassade de France, 1 rue Piekna. Tu y retrouveras les informations pratiques pour séjourner en Pologne et de l'aide pour remplir toutes les formalités.

Vient ensuite l’Institut français, 12 rue Widok. Il offre toute une gamme de services, des cours de langue française pour tous niveaux, la librairie Marianne, ainsi qu'une large offre d'événements culturels. De nombreuses écoles de langues proposent des cours de français à Varsovie. Les Polonais l'apprennent d'ailleurs volontiers – le français est la 2e langue étrangère la plus enseignée, ex aequo avec l’allemand.

Chaque mardi, le cinéma KINO.LAB projette des films français dans le cadre du cycle « Francuskie Rendez-vous » (rendez-vous français), en coopération avec l'Institut français et l'Ambassade de France.

 

La chambre française de commerce et d'industrie, 19 rue Mokotowska, lieu rêvé pour les hommes d'affaires, rapproche les acteurs économiques de la France et de la Pologne.

 

Les goûts français

Quand on parle de la culture française une de premières choses qui vient à l'esprit est sans doute la cuisine, et particulièrement le vin et le fromage. « Le Régal » est un petit restaurant français près de la station métro Stokłosy. C'est un endroit idéal pour s'immerger dans l'ambiance de la culture française et surtout une source riche de plaisirs culinaires. Le décor à la « bistro de Paris » est une invitation à une promenade dans les rues de la capitale française. En cuisine, les chefs nous préparent un savoureux voyage au cœur de la tradition française. Premier arrêt - un plat froid tel qu'un tartare de saumon ou une tarte au foie gras. Puis du poulet, des crevettes au vinaigre, un gratin de pommes de terre, un artichaut en sauce (olives et romarin), une purée de pommes de terre, tout cela accompagné de vin, Chartreuse de Coulet Sauternes ou  Château du Nozay. Pour finir, le voyageur-gourmand fera son choix parmi un plateau de délicieux fromages français, une salade de fruit, une tarte tatin ou de la glace.

 

Bon appétit !

 

 

Le rendez-vous du mois

Il s'appelle David  Gaboriaud. Il est né en France, il a 25 ans, sa mère est polonaise, son père est français. Il a grandi à Paris mais après des années en France il est venu habiter à Varsovie. Depuis son plus jeune âge, il passe ses vacances en Pologne. Aujourd'hui, David travaille en VIE (Volontariat international en entreprise) dans une filiale de la Société Générale à Varsovie.

Nous nous sommes donné rendez-vous dans un restaurant végétarien, Vega («36 C rue Jana Pawła, près des Halles Mirowksa). Nous avons commandé du thé au jasmin et j'ai commencé à enregistrer notre conversation.

 

Où tes parents se sont-ils rencontrés ?

Ma mère étudiait à la Sorbonne. Juste avant la fin de ses études, c'était en 1981, mes grand-parents lui ont conseillé de rester en France parce qu'en Pologne la situation était très inquiétante après  l’État d’urgence et la fermeture des frontières. Donc elle a commencé à chercher du travail en tant qu'institutrice et animatrice en colonie de vacances. Un jour elle a trouvé de l'emploi dans l'établissement où mon père travaillait. C'est comme ça qu'ils se sont rencontrés...

 

Et tes premiers contacts avec la Pologne?

Je suis venu en Pologne pour la première fois quand j'avais 6 mois. J'ai eu mon baptême à ce moment-là. Plus tard, ma grand-mère m'a raconté que j'avais été baptisé le 24 août 1984 par un prêtre qui s'appelait Popiełuszko. Elle m'a dit également que ce prêtre était l’emblème de la liberté en Pologne et l'ami de Jean Paul II. Et qu'il a donné sa vie pour la liberté. Il a été assassiné quelques mois plus tard - le 19 octobre 1984. Le plus frappant dans cette histoire c'est que pendant mon baptême, en versant de l'eau sacrée sur mon front, Popiełuszko a dit : « J'espère qu'il grandira dans une Pologne libre... »

Après un moment je me suis habitué à passer mes vacances en Pologne. Quelques semaines à Varsovie et le reste du temps à Witok, un petit village au cœur des montagnes Tatry chez les amis de ma famille. Jusqu'à l'âge de 17 ans je passais deux mois en Pologne. Grâces à ces voyages je pouvais observer les changements dans le pays. Je me rappelle l'époque des « maluch » (les très populaires Fiat 126), des bazars fleurissant par-ci, par-là. Tout me semblait plus gris et plus triste qu'aujourd'hui...

 

Donc après tes 17 ans, s'en était fini des vacances en Pologne ?

Oui. Chacun a pris son chemin. J'aillais à l'université et je passais mes vacances aux États-Unis, pour travailler...

 

Quand es-tu revenu en Pologne?

En 2006. Je suis revenu après 8 ans d’absence. Je dois admettre j'ai vécu un choc. C'était la découverte d'un nouveau pays. La Pologne et les investisseurs étrangers, des grands travaux, la Pologne dans l'Union européenne. J'étais très surpris par l'ampleur de changements... Je suis venu en tant qu'étudiant Erasmus à l’École supérieur de commerce de Varsovie. J’étudiais avec les Mexicains, Canadiens, Américans, Indiens, des gens du monde entier. Tu sais comment cela se passe en Erasmus... La fête chaque soir. 

Le seul problème c'est qu'il n'y avait pas intégration entre nous et les Polonais. Donc j'ai rapidement quitté ce train « Erasmus Party » pour connaître plus de Polonais. Cela m'a beaucoup aidé pour améliorer mon polonais. Avant je parlais comme un gamin de 5 ans, en utilisant un vocabulaire du niveau de Winnie l'Ourson (rires). A la fin de mes études, j'ai pu choisir entre des stages en France et en Pologne. Puisque j'avais l'intention de rester sur place, j'ai tant cherché que j'ai trouvé une place chez Carrefour à Praga (un quartier de Varsovie, rive droite). On était trois au bureau : deux Polonais et moi. A partir de ce moment-là, je parlais quasi couramment polonais malgré mon accent français.

 

Et après le stage?

C'était en 2007. Je suis revenu en France pour obtenir mon diplôme. Après j'ai vécu un longue période de doute quant à mon avenir. Finalement j'ai fait mes bagages et j'ai quitté la Savoie où mes parents habitaient depuis 5 ans. Je suis retourné à Paris pour chercher de l'emploi.

Je croyais que je trouverai plus facilement dans la capitale, surtout après une école de commerce. J'ai rapidement compris que la concurrence était plus aiguë que je ne l'avais pensé. Heureusement à Issy il y avait une organisation de conseillers, psychologues qui aident les jeunes diplômés. Le mot « Pologne » revenait tout le temps durant ces entretiens, et après un certain temps tous me conseillaient de revenir en Pologne. Au début je ne voulais pas. J'avais un autre projet : travailler en France pendant 2 ou 3 ans, puis créer une entreprise à Varsovie. Et ici j’entendais sans arrêt « Que fais-tu ? Tu parles polonais, ton avenir est là-bas. Vas-y ! » J'ai pris la décision et j'ai obtenu un poste en VIE à Varsovie. Cela se passait en 2008 mais je ne pouvait  commencer qu'au mois de mai à cause de la bureaucratie.

 

Pas mal ton parcours ! Et maintenant comment tu te sens ?

Manifique. Depuis le mois de mai 2008 j'habite à Varsovie, je vis, je travaille au marketing pour la Société Générale. Je suis là depuis un an et demi et... c'est une « fable » comme on dit ici, cela veut dire génial. Depuis ce temps il s'est passé beaucoup de choses. Varsovie est un métropole en mouvement constant. J'ai rencontré beaucoup de gens intéressants, maintenant je parle couramment sans accent (rire).

 

Je te remercie David. Le continent Varsovie et moi te souhaitons que tes rêves se réalisent dans cette... Pologne libre.


Lude Reno
Décembre 2010, Varsovie