Une note sur la mise en place de l’année 2011 « L’Année Maria Skłodowska Curie » est parue sur les pages du Ministère des Sciences et de l’Enseignement Supérieur. Sur l’annonce on peut lire : « Au centième anniversaire de l’attribution du prix Nobel de chimie à Marie Skłodowska Curie pour ses travaux sur le polonium et le radium, l’Assemblée Nationale Polonaise décide de rendre hommage à l’une des scientifiques les plus remarquables de notre temps dont les découvertes sans précédnt ont contribué au développement mondial de la science ». La représentation de Skłodowska-Curie comme „ l’une des scientifiques les plus remarquables » on peut comprendrecela de deux manières : d’un côté pour souligner son caractère unique parmi d’autres femmes et hommes qui s’occupent de la science. De l’autre côté, avec une petite dose de feminisme, comme l’ignorance du fait qu’elle était une femme, une scientifique, une chercheuse-ce qui avait une influence determinante sur sa carrière en Pologne. Après l’analyse detaillée de la vie de Chopin, qui comme Skłodowska –Curie, a passé les années les plus fructueuses de sa vie en France, il vaut mieux regarder ce qui se passera avec le personnage du chimiste connue dans le cadre de la célébration de « l’Année Maria Skłodowska Curie ». Le choix de Skłodowska-Curie semble naturel et juste : née en Pologne , ici elle y a passe les moments importants de son éducation et ses référents étaient les personnes pour qui les idées positivistes du travail organique et de l’éducation économique et culturelle constituaient un certain credo. Comme le remarque le journaliste de Dziennik Wschodni dans son interview avec le recteur de l’Université de Marie Skłodowska-Curie » à Lublin, elle a eu un problème majeur- elle était une femme. C’était son problème ou celui de ses contemporains ? A la fin de XIX ème et au début de XX ème siècle l’accès à l’université dans cette partie de l’Europe était interdit aux femmes, alors Skłodowska tout d’abord fréquentait les cours clandestins à l’Université Volante pour étudier après à la Sorbonne grâce au soutien de sa soeur aînée. Dans ses hagiographies, il y en a de plus en plus après l’avoir annoncée comme une patronesse de l’année 2011, on peut lire son grand attachement à la Pologne- l’utilisation du nom polonais, la connaissance avec Paderewski et de nombreux voyages en Pologne en sont la preuve. Je dirais plutôt que c’était l’expression de son emancipation. Porter le nom de son mari est une tradition patriarcale, conformément à laquelle c’est l’homme qui s‘occupe de la femme ; tout d’abord son père après son mari désigne son statut. Une femme consciente de son individualité ne change pas de son identité au moment de son marriage-et pourquoi elle aurait du le faire si cette pratique était unanime ? La loi est un peu prudente en ce qui concernait l’émancipation de la femme. La législation française de la fin de XIX ème et au début de XX ème siècle exigeait l’utilisation du nom du mari, Skłodowska utilisait alors les deux. . Une telle interprétation n’est pas possible si en prend en considération l’image de la patronesse-le feminisme en Pologne est contradictoire au patriotisme et on a prouvé plusieurs fois que si les femmes s’emancipent c’est toujours au détriment de l’intérêt national. Une véritable patriote veut toujours de l’indépendance de l’homme et les relations partenaires ne l’intéressent pas. Le patriarcat défend l’identité nationale et se maitient droit.
Si on prend en considération les séjours de Skłodowska-Curie en Pologne, ils concernaient ses affaires professionnelles et privées à la fois. Elle a aimé passer du temps dans les Tatras ce qui est un reflet de son pur patriotisme du temps de la découverte des gâteaux du pape (kremówki) . On écrit moins à propos de son retour en Pologne après ses études à la Sorbonne. Skłodowska -Curie espérait être embauchée à l’université et continuer ses recherches. Elle a terminé ses études en sciences physiques en étant première de sa promotion , mais cela n’était pas suffisant pour l’Université de Cracovie qui a rejetté sa candidature. Elle devient ainsi la première femme à enseigner à l’université de la Sorbonne. Comme le souligne Andrzej Dąbrowski, chimiste et recteur de l’Université de Marie Skłodowska-Curie » à Lublin, dans son interwiev cité ci-haut « les femmes scientifiques de la fin de XIX ème et au début de XX siècles étaient rares » Jusqu’ à présent d’ailleurs les hommes sont plus nombreux dans les domaines de la science ». Et rien ne montre que le personnage de Marie Skłodowska-Curie a éveillé une reflexion dans les cercles scientifiques ou parmi les politiciens, décidant de lui rendre hommage et d’annoncer l’année 2011en tant que l’année L’Année Maria Skłodowska Curie. Pourquoi si peu de femmes s’occupent de physique, de chimie ou des mathématiques. L’interdiction de l’accès aux femmes à l’université pendant plusieurs années montre qu’il y a peu de modèles à suivre et les petites filles très tôt déjà sont encouragées à écrire des dissertations au lieu de résoudre des exercices des mathématiques à cause leur condition de femmes. Les mauvaises expériences des femmes choisissant des filières destinées normalement aux hommes où elles sont jugées commes celles qui y cherchent des maris ne préoccupent pas Monsieur le Recteur.
Skłodowska-Curie appartient à un groupe de « token women »- cest à dire des femmes qui grâce à leur détermination et des conditions favorables ont remporté un succès dans le domaine qu’occupaient les hommes. Chaque groupe qui est au pouvoir dissimule dans son sein les personnes pour montrer qu’il ne discriminent pas et leur pire situation dans la société résulte uniquement de prédispositions individuelles. On a beaucoup à apprendre des femmes qui ne sont pas exclues d’aucun domaine de la vie comme Bone, Eliza Orzeszkowa, Emilia Plater et Skłodowska-Curie . Le problème est que ces femmes sont en minorité. Est-ce qu’on réussit à montrer Skłodowska-Curie comme un symbole de l’indépendance et à traiter son expérience comme une incitation aux changements et pas seulement à chérir sa fierté nationale ?
Katarzyna Czerwonogóra
Tłumaczenie: Anna Kula