Il y a combien d'ambassades de l'Afrique subsaharienne à Varsovie? Malheureusement, il y en a très peu. Les drapeaux de la République d'Afrique du Sud, du Nigéria, de l'Angola flottent fièrement dans les arrondissements de Centre- Ville et de Mokotów lorsque le gel ne tempère plus leur tempérament tropical. La République démocratique du Congo est présente mais il semble qu'elle n'existe pas. Le siège de l'ambassade n'existe plus mais les fonctionnaires travaillent à leur domicile. On peut y ajouter quelques consulats, de Guinée, du Sénégal, de Gambie et du Ghana. Comment c'était avant? Wikipédia dit que des ambassades permanentes sont apparues au XVe siècle. Ordinairement, c'étaient des ambassades de pays italiens. La France et la Suède ont introduit des ambassades permanentes au XVIIe et la Russie et la Pologne au XVIIIe siècles. Sur le front du bâtiment de l'ambassade, son représentant plaçait le blason du pays.
Quand est-ce que l'Afrique subsaharienne est apparue en Pologne? C'était déjà dans les années 30 du XXe siècle grâce à deux pays, le Libéria et l'Éthiopie. Puisque le continent africain était en profond colonialisme il est facile de comprendre si petit nombre d'ambassades en Pologne.
Quelle est aujourd'hui la présence de la diplomatie polonaise en Afrique? Elle est présente dans l'ensemble du Nord Arabo-Berbère: au Maroc, en Tunisie, en Algérie, en Libye et en Egypte. Ce sont les 5 pays parmi les 53 que compte le continent. Dans le sud du Sahara (48 pays) la situation est bien pire. L'Angola, l'Éthiopie, le Kenya, le Nigéria et la République d'Afrique du Sud c'est soi-disant le „Big Five”.
Apparemment, c'est seulement là-bas que la Pologne a ses intérêts.
Il convient de rappeler qu'il y a encore 2 ans il y avait plus d'institutions polonaises. Avant que Varsovie (l'actuel ministre des affaires étrangères Radosław Sikorski) ait décidé d'honorer seulement le soi-disant „Big Five”, au Sénégal fonctionnait encore l'ambassade de Pologne. Aujourd'hui, à Dakar, elle n'y est plus. Dommage, puisque c'est là que les Maliens, les Guinéens, les citoyens de Sierra Leone, de Gambie et de Mauritanie, réglaient leur problèmes de visa.
Comment se présente la situation aujourd'hui? Eh bien, pour obtenir leur visa, les Sénégalais doivent se rendre en avion au Maroc. Les Maliens et les habitants du Burkina Faso volent en Algérie. Que font les étudiants de Guinée, du Bénin, du Ghana, de Guinée-Équatoriale, de Guinée Conakry, de Sierra Leone, du Togo, de Côte d'Ivoire, du Libéria ou du Cameroun? S'il y a des personnes désirant étudier en Pologne, elles devront se rendre jusqu'au Nigéria. Il suffit de regarder la carte de l'Afrique de l'Ouest pour comprendre combien est pénible le trajet à parcourir. De Guinée Conakry au Nigéria …
L'ambassadeur de la République de Pologne à Luanda est également accrédité en République Démocratique du Congo, au Gabon, en République du Congo, en République centrafricaine et à Sao Tomé-et-Principe. L'ambassadeur de Pologne de Nairobi dirige aussi les affaires au Burundi, aux Comores, en République de Madagascar, en République de Maurice, au Rwanda, aux Seychelles, en Somalie, en Tanzanie et à l'Ouganda.
L'ambassadeur à Pretoria a un parapluie diplomatique du Botswana, du Lesotho, du Malawi, du Mozambique, de Namibie, de Zambie, du Swaziland et du Zimbabwe. Comme je l'ai mentionné plus tôt, l'ambassadeur de Pologne à Rabat est également accrédité en Gambie, en Guinée-Bissau, en Mauretanie, au Cap-Vert et au Sénégal.
Varsovie a peut-être voulu rendre „le reste”, comme disent les Français. De nombreux établissements acrédités en Pologne sont placés principalement dans la capitale allemande: du Burkina Faso, d'Éthiopie, du Ghana, du Mali, de Namibie, du Niger, du Sénégal, de Tanzanie, du Togo, de l'Ouganda, de Côte d'Ivoire, de Zambie, du Cap-Vert et du Zimbabwe. On voit donc que c'est Berlin et avant tout Berlin qui fait concurrence à Varsovie.
À Moscou, par contre, il y a des ambassades du Burundi, du Tchad, de Guinée-Bissau, du Cameroun, de République de Madagascar, de Mauretanie et de Sierra Leone. À Rome se trouve l'ambassade du Kenya.
Je ne veux pas croire que c'est „la vengeance” du gouvernement polonais. Il n'y aura plus d'ambassades en Afrique subsaharienne parce que ces pays ne sont pas présents à Varsovie. Il est certain qu'un homme d'affaires de Guinée, pour obtenir sa visa, peut se permettre de se rendre au Nigéria en avion. Pour un étudiant la question est plus compliquée. De nombreux bacheliers choisissent de plus en plus les universités polonaises parce qu'elles présentent un niveau élevé et sont beaucoup moins chères que celles de l'ouest de l'Europe. Il y a tellement d'établissements en Afrique du Nord parce que la Pologne y a ses intérêts traditionnels et en plus ce sont les destinations touristiques les plus importantes. Malgré tout, ce groupement d'ambassades polonaises ne tient pas de proportion. Par quel genre de logique a été guidé M.Sikorski en connectant à un seul établissement au Nigéria jusqu'à 9 pays d'Afrique de l'Ouest et le Cameroun? Je ne veux pas croire que les intérêts polonais dans toute l'Afrique de l'Ouest sont faibles. Je me souviens, étant gamin, comme on parlait à Dakar des bateaux polonais et des marins polonais qui achetaient du thé sénégalais „kinkeliba” par kilogrammes. Ou c'étaient peut-être les Russes? D'après ce que je sais, les Polonais réparaient le port dans l'ancienne capitale de Saint-Louis, à l'embouchure du fleuve Sénégal. Ou ce n'étaient peut-être que des contes de fée?
Peut-être Varsovie, effectivement, n'a-t-elle plus aucun intérêt en Afrique subsaharienne et préfère acheter d'occasion à des entreprises occidentales? Tout le monde sait que ça coûte. Je comprends maintenant pourquoi la mangue (fruit tellement populaire au Sénégal comme nos pommes polonaises) est si chère sur le marché de Banach.
Mamadou
Tłumaczenie: Agnieszka Zręda