Lude est gentil, toujours souriant et bienveillant. C’est l’un des plusieurs traits qui font te penser qu’ « il ne convient pas ici ». Le second trait est encore plus évident, c’est la couleur de sa peau. Lude vient de la Martinique, la colonie française sur la Mer des Caraïbes. Il est noir et la Pologne est un pays d’une immigration intense, donc les gens le regardent de manière intense.  

  

En juillet 2003, en séjournant en France il se sentait ennuyé. Alors, il a décidé d’organiser un voyage avec son ami en Europe de l’Est. Il sont partis à Berlin, où tout était déjà « européen » et rien de spécial ne se passait. Ils ont décidé de traverser la frontière à Szczecin. « Dans ce temps-là, l’homme noir était vraiment, vraiment un rare phénomène en Pologne, et je me rappelle des enfants me regardant des fenêtres de la voiture- elles me regardaient comme si elle voyaient un extraterrestre.

Tout le monde était très gentil pour nous. Je me rappelle que nous jouions au basket sur le terrain de jeux, et à certain point, trois hommes sont apparus, habillés comme des gangsters et ils se sont rapprochés de nous. Nous étions prêts à nous battre, nous pensions qu’ils voulaient nous voler quelque chose. Mais il s’est avéré qu’ils sont venus nous montrer leur nouveau CD, ils étaient un groupe de hip-hop et pensaient que nous étions aussi des artistes, donc nous avions échangé les CDs avec le hip-hop et le rap de la France et de la Pologne. Ce petit groupe nous a fait visiter les alentours. Le jour suivant, j’ai compris qu’en parlant avec les gens nous sommes en mesure de voir le vrai Szczecin, car nous étions avec eux. Sinon, tout pouvait nous arriver.

Dans ces années-là, il explique, les Polonais ont cherché de manière désespérée des choses nouvelles et les gens étaient gentils et ouverts, ils nous reçu comme si nous provenions d’une autre planète, mais ils étaient contents que les frontières ont été finalement ouvertes, non seulement pour eux, mais aussi pour les étrangers qui pouvaient visiter et voir tout.

Je sentais quelque chose de spécial. J’ai dis à mon ami : Je vais revenir ici et faire quelque chose ici. Il m’a demandé : quoi ?- Je ne sais pas, mais je vais faire ici quelque chose. »

Cette expérience s’est avéré un succès : Lude est revenu à Paris, où il a travaillé en tant que journaliste vidéo pour la télévision câblée. Il a demandé à son chef pour qu’il le renvoit en Pologne, afin qu’il prépare des réportages au sujet de hip-hop et rap. « Ils pensaient que j’étais fou, mais finalement ils m’on envoyé et je suis arrivé à Varsovie avec une petite caméra vidéo et j’ai commencé à faire des courts documentaires sur la musique, la mode et les tendances.

La première idée qui m’est venue à l’esprit, lors de mon arrivée était : il fait froid ! Mais tout était pour moi intéressant, que nous nous décidions à rester. J’avais seulement 200 EUR dans la poche, et sur la Pologne je savais uniquement deux choses : qui était Lech Wałęsa et que le Pape de ce temps- là était Polonais. Et bien sûr, je ne connaissais aucun mot en polonais. Mais finalement j’ai commencé à gagner un plus de l’argent et je pouvais me concentrer sur le travail ici.

C’etait un temps merveilleux, la ville commençait à ressembler autrement et soudain, environ l’année 2006, nous pouvions observer que l’argent venait en Pologne, car des bâtiments ont apparu comme des champignons après la pluie, nous pouvions trouver partout des chantiers de construction, des centres commerciaux, des gratte-ciels, tout changeait si vite ».

Il se sentait comme un témoin d’histoire, il y habitait dans un moment spécial de changement, même s’il venait d’un tel lieu comme la France, où la majorité des choses a été faite et finie il y a des siècles.

Lude est toujours plein d’enthousiasme, il parle avec de la passion et transmet de l’optimisme à chacun. Il ne semble pas d’être accablé par l’hiver ou par des difficultés. Il a l’air de se jouir dans chaque situation, n’importe où. Bien évidemment il aspire à un croissant au chocolat français, aux fruits fraîches de son pays et  au jus de la canne à sucre.

Il dit qu’il a trouvé ici beaucoup de tolérance et de respect, et même si des personnes se moquaient de sa couleur de peau, il les traiter avec humour.

« Pour moi c’était choquant quand j’étais au concert de Lura (Cesaria Evora, car elle vient de la République de Cabo-Verde), lors duquel elle a affirmé qu’elle chantera la Mazurka. C’était la même musique que j’ai entendu dans mon pays. Je me suis rendu compte alors que de la Pologne vient la musique nationale du petit pays aux Caraïbes. J’ai compris que tout mon voyage des Antipodes s’est passé pour que je retrouve la clé à la culture, dans laquelle je grandissais. Contrairement à ma culture, j’ai trouvé mes racines ».

Julia Salerno