Notre vie s’arrange de cette façon : nous prenons la réalité autour de nous, selon les détails subjectifs. Quand nous arrivons à un pays étranger pour une semaine, en tant que touriste ou pour un mois, dans le cadre d'un échange d'étudiants – c’est une histoire, mais quand on choisit un autre pays pour sa résidence c’est tout autre chose.

 Soudain, vous réalisez que, si vous y étiez même déjà dix fois, pour diverses raisons (études, voyages, conférences), vous avez traité tout comme un autre monde, pas tout à fait réel, celui duquel aujourd'hui ou dans une semaine, vous reviendrez à son monde normal, avec ses problèmes réels, les gens et la vie quotidienne. En chacun de nous, les personnes, qui pour diverses raisons ont décidé de vivre dans un autre pays, le moment où on réalise soudainement que maintenant la vie réel est déjà là, vient différemment, et donne différentes conséquences psychologiques. Chacun vit cet expérience, quelqu'un l’appelle une adaptation, une habitude, les uns le réalisent et vivent plus facilement, les autres moins.

En Septembre, je suis arrivée en Pologne pour profiter de la bourse de L. Kirkland, pour diverses raisons : un peu universitaires, un peu personnelles. La Pologne n’a jamais été pour moi un pays étranger, je comprenais la langue de mon enfance, j’ai une famille ici et je venais ici pour des courts séjours. Une année de Kirkland est passée comme un jour, j’avais tout pendant cette période : les études, que j’ai choisies moi-même, de bonnes conditions financières, les soins, mais comme il s’est avéré après la fin de la bourse, la chose la plus importante que j’avais, c’était un confort mental, le sentiment de sécurité et d’utilité de mon savoir, je sentais qu’il y a une place pour moi et je ne me sentais pas étrangère. Pourtant, je pensais, qu’après l'obtention du diplôme, je serais seule dans un sens, personne ne me soutiendrait et ne me féliciterait que je suis sage, que j’avais écrit un excellent travail scientifique, etc. Derrière les fenêtres de l'université, dans un pays étranger, la vie est complètement différente, et moi, pour la première fois, je me sentais étrangère après une année entière de séjours, juste quelques jours après l'obtention du diplôme.
C’est parce que j’ai commencé à chercher un appartement et immédiatement ce qui m’est arrivé, c’est que certaines personnes qui entendait mon accent par téléphone, prenaient l’attitude différente, une petite réticence ou incroyance. Dans l'ensemble, c’était une nuance, mais la nuance m'a fait comprendre que je vais toujours passer à travers des situations, où les gens autour me prendraient comme différente. La première chose, qui serait aperçue au contact avec moi, ce ne serait pas ce que j’avais étudié ou ce que j’aimais, mais cela que je n’étais pas d’ici. Il n'y a rien de mauvais dans cela, parce que beaucoup de gens, quand ils me posent des questions sur mon origine, ils le font de la curiosité ordinaire, et quand je réponds que je suis de l’Ukraine, d’habitude ils disent les choses agréables, et ce dernier temps, ils expriment même un soutien pour l’Ukraine. Mais ici, il s’agit de quelque chose d'autre : après le temps d’adaptation dans un pays étranger, on commence à penser de ce pays comme de sa maison, mais toujours quelque chose ou quelqu'un vous rappelle que vous êtes un étranger. Même si on pense du mot polonais "obcokrajowiec", à propos de son étymologie, on suppose a priori que quelqu'un qui vient d'un autre pays est une personne étrangère ...

En fait, je ne voulais pas écrire comme difficile est vivre en Pologne pour un étranger, parce que ce n’est pas si mal, en particulier pour les Ukrainiens, parce que nous ressemblent les Polonais en termes de coutumes, de culture, de mode de vie. Récemment on élimine aussi beaucoup de mauvais stéréotypes associés aux Ukrainiens. Mais n’importe comment bien il soit, si on a vécu une période de la vie que dans notre pays, et comme une personne adulte on part à un autre pays, on ne va jamais se débarrasser du sentiment « d’étrangeté ». Nos enfants, si elles seront nées dans ce pays où on est un étranger, elles seront plus autochtones, et nous ne le serons malheureusement jamais, mais parfois peut être nous nous sentirons Étrangers d’une majuscule.

Je ne veux pas blâmer l’État à laquelle nous allons, pour notre étrangeté, dans mon cas la Pologne, parce que je ne viendrais pas ici si ce pays ne me donnerait pas, dans un sens, quelque chose de plus que mon pays d’origine ne pouvait pas m’offrir. J’essaie simplement d'expliquer, en particulier aux amis polonais, pourquoi parfois on se sent triste sans raison, pourquoi il est si important pour nous de tout laisser à un certain moment et partir pour quelques jours à notre pays, à notre ville. Car, on peut se sentir bien dans un autre pays, avoir un travail, des amis, la maison, bien maitriser la langue de ce pays, et même avoir la citoyenneté, mais toujours être peu différent, et il n’y a rien de mauvais, mais ce qui est le plus important, n’importe où on soit, c’est de ne pas devenir étranger pour nous-mêmes…  

Daryna Popil