Sur les rails de Varsovie on peut trouver des tramways de plus en plus modernes. Ce sont des rames élégantes, à plancher bas, qui ne font pas de bruit – sympa à voir. Il n’y a pas longtemps j’accompagnais un compatriote sénégalais à l’arrêt de tramway. On attendait à la place Narutowicza. Monsieur ne voulait pas monter dans un tram quelconque. - Tu rigoles ? Je dois prendre un vieux tramway? Il y en a de ultramodernes, confortables comme des avions. Je ne vais pas aller dans cette vieillerie. Le tramway est parti. On attendait encore quelques minutes et une merveille technique jaune et rouge est apparue. De forme ovale, avec la climatisation, les fauteuils commodes, le panneau lumineux qui indique les noms des arrêts et la voix annonçant des arrêts suivants... en effet, c’est impressionnant. Il n’y a qu’un mais. Cette accessibilité d’information ne favorise pas la « conversation ». Elle rend difficile de prendre contact avec une inconnue à qui on ne peut plus adresser une question du type:
- Excusez-moi, est-ce que pour trouver la rue X ou le bureau Y je dois descendre sur le prochain arrêt ou sur celui après ? Peu importe si on fait semblant ou si on est réellement perdu. Une telle conversation avec le sexe opposé peut se terminer une fois que l’information sur le transport est transmise. Elle peut pourtant être le début d’un dialogue ou d’une connaissance plus longue. Les systèmes électronique et sonore d’information constituent bien sûr des solutions formidables, mais ne facilitent pas « l’intégration » spontanée.
J’ai pas de voiture bien que j’aie passé mon permis de conduire il y a déjà des années. Je me suis donc habitué au transport en commun. On améliore la question des couloirs de bus ; la route Łazienkowska, la rue Solidarności de la gare Warszawa Wileńska jusqu’à la vieille ville en sont de bonnes exemples. On peut déjà traverser rapidement certaines fragments avec un bus, mais le plus souvent, faute de voies séparées, on est coincé dans les bouchons.
Mon ami, un guitariste mauritanien diplômé de SGH qui habite actuellement en Norvège, m’a dit un jour qu’en Scandinavie un conducteur ne roulerait jamais sur un couloir de bus même si c’était minuit quand non seulement le diable dormait, mais la police avant tout. Quelle discipline ! Ne serait-ce pas le résultat des amendes élevées ? Une telle loi serait sans aucun doute utile chez nous, au bord de la Vistule.

Pourquoi j’écris sur les trams ? Parce que, depuis la naissance de ma fille, depuis le moment où j’ai dû acheter une poussette, j’ai totalement changé de perspective. Je ne m’intéressais jamais à la condition des trottoirs. Il y a un trou, je passe à côté et voilà ! Il est vrai que parfois les voitures sont garées de telle manière qu’il n’y a pas de 1,5m requis pour que les piétons puissent se croiser aisément sur le trottoir. Avant, je ne prêtais pas attention au type de porte dans des trams (à un vantail ou à deux vantaux) et à leur largeur. Je ne m’intéressais pas s’il y avait une barrière au milieu ou s’il était possible de faire entrer une poussette par cette porte.

Les personnes handicapées ont du mal à y entrer faute du plancher bas et les vieilles rames sont équipées de mains courantes ce qui rétrécie dramatiquement la porte. Les problèmes apparaissent quand je veux entrer moi-même avec une poussette. Si la porte est suffisamment large, je n’ai besoin d’aide de personne.

Les vieux tramways ne donnent pas une telle chance. La main courante à la porte rend impossible d’entrer avec une poussette d’enfant. J’ai appris à reconnaître les modèles !!! J’adore les nouveaux non seulement pour leur esthétique, confort et accès facile pour des personnes âgées et handicapées. Il y a deux choses qui comptent du point de vue de la poussette : le plancher bas (réduction de la hauteur entre le quai et l’entrée du tramway) et la largeur de la porte. Vive les tramways à plancher bas ! Et quant aux modèles, 123N, 105N, 105N2k, 13N,120N en sont quelques-uns.

La rame 105N est vieille, mais il est facile d’y entrer avec une poussette. C’est une des mes favorites malgré un seuil de 3 marches. Pourtant la porte au milieu est assez large pour les poussettes, ce qui est signalé par un autocollant approprié. Les modèles 105N2k et 123N ont des mêmes qualités et sont postérieurs au 105N. La dernière acquisition c’est le modèle 120N, mentionné déjà par mon compatriote. A plancher bas et sans bruit comme un avion. Ça, c’est un tram ! Il y en a de plus en plus sur les rails. En face de la deuxième porte il y a une place pour la chaise roulante ou la poussette. On monte et on descend sans aucun problème. Cette porte est équipée aussi d’une rampe escamotable automatique. Pur bonheur ! Le tramway ne fait pas de bruit, ne gémit pas. Que vouloir de plus ?

Ne me demandez pas, s’il vous plaît, sur le pire modèle. Un tel tramway entre en quai et met l’homme de mauvaise humeur. Son nom est Konstal 13N. C’est quoi à vrai dire ? Ce monument technique (certains l’appellent un cadavre vivant) a de hautes marches (pas seulement celui-ci), il y a un autocollant avec une poussette sur la porte du milieu, mais à cause de la main courante il est impossible d’y entrer. Je laisse passer le 13N et j’attends que les autres modèles arrivent (non seulement le vendredi).
Je ne prêtais pas autrefois attention au modèle de la rame. Je montais si seulement le tramway allait là où je voulais. L’enfant m’a fait changer de perspective. La largeur des trottoirs, des portes de bus ou de tramway, la hauteur des escaliers (à la gare centrale et le long de la route Łazienkowska il n’y a aucun ascenseur), tout compte. Je vois maintenant comment les architectes et les projeteurs traitent un homme ordinaire.

J’ai lu que les nouveaux tramways seraient fournis à Varsovie par étapes. Jusqu’à la fin de l’année il y en aura 33 en total et jusqu’à l’EURO 2012 on en aura 120 sur les rails de la capitale. Toutes les nouvelles rames sont equipées du plancher bas, de la climatisation, des billetteries automatiques et du monitoring, ainsi qu’elles ont les entrées larges et les places pour les poussettes avec un dossier mou.

Moi, j’aime le plus l’annonce sonore d’un arrêt à Ochota. Il s’agit du carrefour des rues Banacha et Grójecka. A la hauteur de l’ancien cinéma Ochota (actuellement Och-Teatr) j’entends : « L’arrêt suivant : Bitwy Warszawskiej 1920 ». Ça impressionne, dans chaque type de tramway.

Mamadou

Tłumaczenie: Ewa Słotwińska