Par le

Auteur: Goncalo Franco
Les partis qui ventent le provincialisme disent que oui. Manger, travailler, respirer, penser et aimer. Seulement avec les siens, à sa manière. Tout doit être ethniquement propre. C’est ce que disent ceux qui confondent « intégration » et « assimilation ». Mais contrairement à un morceau de sucre qui se dissout dans le thé, chaque être humain a le droit de garder sa propre identité. Et l’on ne peut la retirer à personne.

Les liens sociaux exigent un effort. De chacun. Je connais pas mal de Polonais qui n’aiment pas Varsovie. A contrario, dans la capitale, vivent beaucoup d’étrangers qui s’identifient à elle, bien qu’ils soient nés à des milliers de kilomètres de la Vistule.


Les forums Internet, de par l’anonymat qui y règnent, fourmillent de bizarreries. J’y ai lu que: 'Toute la culture produit son propre système de concepts qui constituent la base de sa communication interne. La contradiction de signaux qu’un individu reçoit mène au chaos'.
Ce propos suggère qu’aucun étranger n’est capable d’apprendre notre langue ! D’où viennent alors les malentendus dans la Pologne contemporaine ? Dans ce pays qui est pourtant relativement uniforme ethniquement et religieusement parlant ?

Est-ce que dans les endroits où ne vivent que des gens natifs du pays règnent forcément l’ordre et l’harmonie ? Et la révolution française ? Aurait-elle donc été provoquée par des Lapons ou des Aborigènes et non pas par les Français eux-mêmes ?

Mais revenons plutôt dans notre coin. Quelles étaient les causes du premier partage de la Pologne ? J’ai lu qu’il fallait en chercher les raisons dans la crise internationale et la guerre civile qui marquèrent cette période. Cette guerre, aurait-t-elle éclaté entre les Vietnamiens et les Pygmées ?

La multi-culturalité ne dérange que les paresseux. Car la rencontre avec d’autres cultures, s’entraîner à l’ouverture et la remise en question des stéréotypes exige de faire un effort. Cet effort rend attentif aux différences culturelles et engage au respect envers l’autre et envers la culture qu’il représente. Et, par là-même, au respect envers soi-même. Se foutre des autres et attendre qu’on nous respecte est un malentendu trop honteux. N’oublions pas non plus qu’un étranger ne doit pas forcément habiter la même rue pour influencer notre mentalité et nos comportements.

A l’époque, la force était dans le nombre. Aujourd’hui, la force est du côté de l’intensité, de la pensée diversifiée. L’Amérique l’a compris et invite sur son sol, pour leur savoir, des personnes éduquées à qui, en échange, elle offre de bonnes conditions de travail et de vie. Les plus grandes entreprises recrutent leurs employés sur tous les continents. Pourquoi ?
Les nationalistes, quant à eux, proposent à leurs nations de vivre en autarcie. Il en va de même de la question de la reproduction ! Pour peu qu’elle n’ait lieu qu’avec les siens, comment cela pourrait-il finir ? Par des problèmes génétiques.


Franchir les barrières culturelles est en vérité faire une ‘copie’, un ‘emprunt’ et faire un don.
Certains croient que la multi-culturalité, le contact avec l’autre est un phénomène unidirectionnel. ‘Eux, ils viennent en Europe, en Pologne et nous piquent notre travail’.

Beaucoup oublient cependant que l’Europe d’aujourd’hui a été formée, entre autres, à l’époque des croisades. Grâce à elles, l’Europe a pu accéder aux acquis de la culture et de la science arabes (bien que l’influence culturelle et scientifique la plus importante ait été créée par les contacts établis au moment de la domination arabe en Sicile et par ceux entre les Espagnols et les Maures). Dans toutes les cours européennes, suivant l’exemple arabe et byzantin, apparurent les signes d’une nouvelle culture dans les formes de rapports sociaux plus raffinés qui se créèrent. Les aristocrates et les riches Européens commencèrent à utiliser des parfums, à se laver les dents, à porter du linge et des pantalons. L’hygiène s’améliora (surtout dans le milieu aristocrate, plus au fait des nouveautés et suffisamment riche pour se permettre l’achat de produits de luxe). C’est à cette époque, que l’on fit connaissance du savon. Commencèrent alors à arriver en Europe (surtout en Italie) un grand nombre de scientifiques byzantins à la recherche de conditions de vie meilleures.


L’horizon de la pensée européenne s’élargit, l’intérêt pour le monde devint plus fort. L’Europe fit moult emprunts aux autres cultures, même la conception de dieu – qu’elle emprunta aux Sémites.
Va-t-on rendre aux Arabes, non aux Indiens, excusez-moi, leurs chiffres? Je ne rendrais pas le zéro que les Romains ne connaissaient pas. Il n’y aurait pas d’Internet !


Texte: Mamadou Diouf
Traduction: Sadia Robein



Source: www.kontynent.waw.pl
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