Lorsqu'un photographe portugais arrive à Varsovie, il est fasciné par la taille de la ville... Ou plutôt par un immense espace. Varsovie est une grande ville aux larges rues et aux parcs vastes. Lisbonne, quant à elle, est une très vieille ville à l'aménagement dense, située sur sept collines au bord d'un immense fleuve - des ponts de plusieurs kilomètres de long l'enjambent. Varsovie est plate... On y peut voir jusqu'à l'horizon. Puis vient la déception causée par un ressenti intense de l'écoulement du temps, ne résultant de rien d'autre que de l'éloignement et de la nostalgie. Avec le temps, le cœur s'ouvre et l'on voit comment Varsovie est, ce qu'elle pourrait devenir. Varsovie est une ville en permanente transformation - où pullulent d'énormes possibilités - et c'est fascinant. Les habitants de Varsovie l'enrichissent davantage, sont pour moi une source d'inspiration et de motivation à photographier la ville.
La ville où la lourdeur des bâtiments se transforme, lorsque l'on sait voir, en légèreté. Chaque ville au monde paraît plus belle lors d'un coucher de soleil, par exemple, qui met en valeur les bâtiments entretenus et peints... Lorsqu'ils ne le sont pas, c'est moi qui les peins!
Il y a aussi des goûts de Varsovie... Plus je me délecte de la cuisine polonaise, plus j'apprécie la portugaise - comme si elles se complétaient mutuellement.
La cuisine portugaise est incroyablement diversifiée: à base de viande, de poisson ou de fruits de mer, elle contient tous les saveurs de la cuisine méditerranéenne.
Peu de pays peuvent se vanter ne serait-ce que d'un tiers de cette diversité. On le doit à l'histoire du pays. Le Portugal fut un empire dont on trouve le souvenir dans les influences africaines, indiennes, brésiliennes ou japonaises. Elles se manifestent non seulement dans la manière de cuisiner mais aussi d'assaisonner les plats.
Les cultures s'infiltrent mutuellement. Quant au Japon, par exemple, certains des ses plats traditionnels ont, en réalité, des racines portugaises, comme le tempura qui apparut au Japon au XVIe siècle par le biais des missionnaires portugais (ils ont fondé, entre autres, Nagasaki). Le tempura est une manière portugaise typique de frire dans l'huile. Le nom vient du mot latin tempo - temps: le temps de jeûne lorsque les chrétiens s'interdisent de manger de la viande. Le tempura est aussi une variante du mot tempero, ce qui en portugais veut dire dressing.
On peut savourer d'excellents plats du pays dans le restaurant Portucale. On peut également les préparer chez soi, bien que leur choix soit limité par le manque de certains ingrédients. D'autres peuvent être adaptés, en remplaçant la saucisse ou le poisson portugais par le produit polonais le plus proche.
Connaissant les goûts culinaires des Polonais, je sais que plus d'un gourmet appréciera la nourriture portugaise non seulement pour son goût mais aussi pour son raffinement. Car il y trouvera au choix: poissons, fruits de mer, de la viande grillée ou cuite...
Je crois qu’il manque tout de même quelque chose à la cuisine portugaise : les salades polonaises.
Le bon vin portugais peut très bien satisfaire les palais des Polonais aimant les bonnes boissons alcoolisées.
Le vin portugais est l'un des meilleurs au monde et d'un prix tout à fait abordable.
En Pologne toutefois, il reste plutôt cher. Cela vaut un voyage au Portugal...
Découvrir le Portugal si différent du reste de l'Europe: son architecture, son climat - les chaleurs méditerranéennes adoucies par la brise de l'Atlantique - les gens souriants et calmes, souvent mélancoliques et nostalgiques comme l'est le Fado, cette musique magique qui a conquit les cœurs des Polonais. J'ai entendu quelques concerts de Fado à Varsovie et je suis content, car les varsoviens sont sensibles à cette musique et savent ressentir la mélancolie qui y est cachée.
Les Portugais sont comme le Fado et en sont fiers. Attachés à leur fatalisme.
Ils n'aiment pas le bruit.
Nous devons contempler... Nous devons nous asseoir, nous arrêter et contempler. Tout ce qui est accessible est en nous. Les émotions mûrissent dans le silence.
Texte: Gonçalo Franco
Traduction: Sadia Robein
Gonçalo est né à Lisbonne en 1974. Il est photographe. On peut consulter son site internet sous l'adresse: www.goncalofranco.com